DE HERRI III. [l589]                        4ni
huguenots, et que la vengeance et l'attentat à la cou­ronne étoit le vrai sujet de leurs armes. Mais Chastillon, entre les autres, leur répondit : a Vous êtes tous des « traîtres à votre patrie. Je mets sous les pieds toute ven­te geance et tout intérêt particulier, il y va du service «x de mon prince et de l'Etat. » Ce qu'il dit si haut, que Sa Majesté même l'entendit, qui l'en loua et l'en aima.
Le Roy ne voulut poursuivre d'avantage le duc de Mayenne, après cette chaufourée, dans un des faux­bourgs de Tours, ni que le roi de Navarre y allât, disant qu'il n'étoit raisonnable de hazarder un double Henri contre un Carolus (0.
Le vendredy ia, à Paris, on fit fête chommée, ce jour étant l'an révolu du jour des barricades.
Le mercredy 17 de may, le duc de Longueville, La Nouë, Givri et autres, qui tenoient Compiegne pour le Roy, vinrent au secours de Senlis, que Thoré avoit surpris par intelligence le 26 d'avril, et étoit assiégée par les ligueurs ; et mirent en déroute leur armée, qui montoit de neuf à dix mil* hommes. Mailleville, que le Roy nommoit Maineligue, et les hommes de Paris qu'il conduisoit, firent beaucoup mieux que les Wa-lons de Balagni et les soldats du duc d'Aumale, qui s le commencement de la charge prirent l'épouvente et la fuite, comme ce duc, qui fuît jusquSaint-Denis sans regarder derriere lui(a); et abandonnèrent canons,
(-) Un'double Henri contre un Carolus : Allusion a la monnoie cou­rante : un henri étoit une pièce d'or, et le carolus étoit une pièce de billon, qui ne valoit pas plus de dix deniers tournois. (*)Sans regar­der derriere lui : Nous croyons devoir citer des vers très-spirituels et très-piquans qui furent faits a cette époque sur la fuite du duc d'Aumale.
A Chacon Nature donné Des pieds pour le aeeoarir;
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